Consulter son équipe, mais ne pas tenir compte de son avis
Dans une entreprise industrielle, le manager prenait le temps de demander l’opinion de ses proches collaborateurs sur ses projets… mais il avait déjà son idée et ne comptait pas en changer ! “C’était sa manière de garder le contrôle en mettant tout le monde en compétition, commente Paule Boffa-Comby, présidente de ReThink&Lead, qui a publié Le Leader collectif. Un nouvel art du pouvoir chez Dunod. Résultat : chacun critiquait son voisin et cherchait à se couvrir.” Pour travailler en bonne intelligence, votre équipe a besoin d’un cadre clair et d’une confiance partagée. Personne n’est dupe si vous vous contentez de faire semblant. Idem pour les outils collaboratifs, si prisés dans les start-up : “Ils ne servent à rien si les avis qui s’échangent vont directement aux oubliettes”, ajoute la coach.
Évoquer sans cesse sa boite précédente
C’est l’un des plus sûrs moyens de rater votre entrée : débarquer dans une entreprise et proclamer que rien ne mérite d’être sauvé ou qu’on travaillait bien mieux dans votre ancienne boîte… Rien de tel pour tuer l’enthousiasme d’une équipe et dégringoler dans l’estime de vos nouveaux collègues. “Le manager doit au contraire s’immerger dans le milieu qu’il intègre, aller à la rencontre de chacun, se montrer modeste dans son approche… Et construire une relation de qualité au présent, au lieu de rester figé sur son passé”, soutient Hervé Borensztejn, responsable Europe du département leadership de Heidrick & Struggles.
Faire fi de la culture maison
Quand la nouvelle direction d’une entreprise d’aéronautique est arrivée avec, dans ses soutes, le slogan “Osez la créativité !”, les managers n’en croyaient pas leurs oreilles. Ils devaient désormais multiplier les initiatives, prendre des risques, repousser les limites, comme dans une agence de pub ! Or la culture professionnelle de cette industrie de pointe est tout entière tournée vers la sécurité et le contrôle des process. “Les ingénieurs soumis à cette injonction inattendue étaient complètement perdus, raconte Vincent Dicecca, consultant en management chez CSP Formation. Nous sommes intervenus pour distinguer nettement les projets où la créativité débridée avait un sens de ceux pour lesquels la vigilance restait prioritaire.”
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Fuir ses collaborateurs
Après une année particulièrement difficile, Murielle, chef de service dans une société d’épicerie fine, n’avait rien à proposer à Hugo, son adjoint, en dépit de son travail très satisfaisant. Ni augmentation ni intéressement significatif. Du coup, cette jeune manager rasait les murs en le croisant et repoussait le moment de le recevoir en entretien. Quand, un matin, elle a fini par s’y résoudre, elle lui a proposé un rendez-vous pour l’après-midi même. “C’est une erreur fréquente, analyse Grégory Drivet. Car ce face-à-face est un moment clé dans la construction d’une relation de confiance avec un employé. Même si l’on n’a rien à proposer, il ne faut pas se dérober, mais expliquer les faits avec franchise et recentrer la conversation sur les réalisations et les objectifs de son interlocuteur.” Alors que ce rendez-vous est souvent attendu avec impatience, le prendre à la légère risque en outre d’être perçu par vos collaborateurs comme un manque de reconnaissance, voire comme un signe de mépris.
S’opposer à une formation
Depuis des mois, Pierre souhaitait s’inscrire en MBA. Ce que son chef de service lui refusait systématiquement, de peur de le voir partir une fois son diplôme en poche. Grossière erreur ! Faute d’obtenir un financement de son entreprise, Pierre a contracté un emprunt bancaire pour suivre ce cursus, puis, ne se sentant ni lié à sa société ni soutenu par son chef, il a accepté le premier job qu’on lui a proposé, au cours de sa formation. “Il est toujours préférable d’encourager un salarié à progresser, à charge pour le manager de trouver un poste en interne correspondant à ses nouvelles compétences”, note Fabrice Coudray, directeur chez Robert Half France.
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Avoir peur de recruter quelqu’un de meilleur que soi
Pascal, directeur informatique d’un grand groupe, recherchait un adjoint capable de le décharger de certains dossiers sensibles. Mais pas question de se laisser voler la vedette à la tête de son service. Après avoir refusé un candidat recommandé par la direction des ressources humaines, ce manager angoissé obtint de revoir la fiche de poste à la baisse ! Il put ainsi recruter quelqu’un dont il n’avait rien à craindre. Hélas, son nouveau subordonné se révéla au-dessous du niveau requis pour ses fonctions et jeta l’éponge moins de un an après son arrivée. “Les talents que vous recrutez vous font progresser, commente Fabrice Coudray. Si vous vous sentez mis en question, allez plutôt clarifier l’organisation et la répartition des missions avec votre N +1.”
Croire sa boîte plus attirante qu’elle ne l’est vraiment
Une entreprise industrielle cherchait son directeur financier. Simple formalité ? Loin de là ! Car le PDG ne voulait pas seulement d’un bon professionnel capable de remettre de l’ordre dans ses comptes, il lui fallait, en plus, un mouton à cinq pattes doublé d’un prince charmant. “Or sa proposition n’avait rien d’un conte de fées : des locaux installés dans un quartier sans intérêt, un climat social tendu, un salaire loin d’être mirobolant… raconte, amusée, Xavière Thomazo, directrice associée du cabinet de recrutement Sirca Executive Search. Mais ce dirigeant se trouvait plus attirant qu’il ne l’était en réalité et rejetait tous les postulants. Nous avons dû, non sans mal, lui faire dépasser ce sentiment de déception. Et il a fini par recruter une personne qui fait bien le job.”
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